S’initier à la randonnée itinérante : pourquoi et pour qui ?
La randonnée itinérante, c’est l’appel du voyage lent et du retour à l’essentiel : marcher plusieurs jours d’affilée, troquer le confort de chez soi contre le plaisir d’évoluer de ville en hameau, de vallée en crête, à l’écoute de la nature. Ce mode de voyage s’adresse à tous ceux qui souhaitent renouer avec un rythme plus naturel, savourer le silence, découvrir des paysages autrement, et s’émerveiller du simple fait de progresser à la force de ses jambes. Toute personne en bonne santé, sans maladie incompatible, peut s’y mettre avec une préparation adéquate, quel que soit son âge. Il n’est pas nécessaire d’être un sportif accompli ! Avec un itinéraire adapté et du bon sens, chacun peut découvrir à son rythme les plaisirs de l’itinérance.
De nombreuses études montrent d’ailleurs les bienfaits physiques et psychologiques de la marche sur plusieurs jours : diminution du stress, renforcement musculaire, qualité du sommeil, reconnecter avec soi et les autres. Les débutants sont souvent surpris de découvrir à quel point la marche libère l’esprit et recentre les priorités. Comme le raconte Pierre, parti sur les chemins de Compostelle :
“J’ai retrouvé le goût des choses simples. Le soir, installer mon bivouac et partager un repas avec d’autres marcheurs me suffisait largement. C’était une liberté que je n’avais jamais ressentie ailleurs.”Que vous partiez seul, en couple, entre amis ou en famille, préparer son premier trek itinérant, c’est avant tout s’offrir une pause régénératrice et des souvenirs à vie.
Bien choisir son itinéraire : la clé d’une première expérience réussie
L’une des principales erreurs des débutants est de sous-estimer la préparation de l’itinéraire. Le choix du parcours doit tenir compte de votre niveau physique, du temps dont vous disposez, de la saison, mais aussi de la logistique sur place. Pour commencer, mieux vaut opter pour un circuit balisé, avec des points d’étape réguliers et des possibilités d’hébergement ou de bivouac. Les sentiers de Grande Randonnée (GR), très présents en France, sont un excellent point de départ : le mythique GR20 en Corse ou le GR5 des Alpes attirent chaque année des milliers de marcheurs, mais des chemins plus accessibles, comme le chemin de Stevenson ou le GR34 (sentier des Douaniers en Bretagne), offrent des possibilités d’itinérance variées.
Avant de se lancer dans un parcours de 15 à 20 km par jour, il est recommandé de tester sa résistance sur des marches à la journée ou sur un week-end, en situation réelle, avec un sac à dos chargé. L’anticipation est votre meilleure alliée :
- Identifiez les points d’eau et de ravitaillement, surtout en dehors des zones touristiques
- Repérez les sites de bivouac autorisés ou prévoyez les hébergements nécessaires (refuge, gîte, aire naturelle…)
- Informez-vous sur la météo saisonnière et les éventuelles restrictions (chasse, accès fermés…)
N’hésitez pas à consulter les forums de randonneurs et les topo-guides spécialisés, riches en retours d’expérience. Enfin, il peut être judicieux de prévoir une étape plus courte le premier jour, pour s’adapter au port du sac et ajuster le rythme.
L’équipement indispensable du randonneur itinérant
Bien s’équiper ne signifie pas surcharger son sac ! Le choix du matériel joue un rôle crucial pour profiter de la nature sans transformer l’aventure en calvaire. Le poids du sac à dos devrait idéalement représenter entre 12 et 15 % de votre poids corporel, eau comprise. Parmi les points essentiels : un sac de qualité adapté à votre morphologie (volume entre 50 et 65 litres pour la plupart des itinérances), de bonnes chaussures de marche déjà “faites”, des vêtements techniques adaptés aux conditions climatiques, et un système multicouche pour gérer la chaleur et l’humidité.
Le bivouac, que ce soit sous tente, en hamac ou à la belle étoile, fait souvent partie de l’expérience. Il conviendra donc d’investir dans un abri léger, un bon matelas isolant et un sac de couchage adapté aux températures nocturnes. La trousse de secours, la lampe frontale, les bâtons de marche (indispensables pour ménager ses articulations en descente), les couverts, la gourde filtrante ou la réserve d’eau, ainsi qu’un réchaud compact pour cuisiner complètent la liste. On adopte le minimalisme : chaque objet doit être utile et multifonction !
Un détail : ne négligez pas la gestion des déchets et l’utilisation de sacs de rangement étanches pour compartimenter vos affaires. En suivant la “règle des trois couches” pour l’habillement (respirant, isolant, protecteur), vous serez paré pour profiter des sentiers sans surchauffe ni coup de froid surprise.
Gérer l’alimentation et l’hydratation en itinérance
Marcher plusieurs heures chaque jour demande une attention particulière à l’alimentation et à l’hydratation. L’idéal en randonnée itinérante est de privilégier des aliments énergétiques, faciles à transporter, ne craignant pas la chaleur, et de répartir les calories sur la journée. Fruits secs, barres céréalières, fromage à pâte dure, sachets de semoule ou de pâtes précuites, soupes déshydratées, sardines et pain complet sont souvent plébiscités pour leur capacité à rassasier sans alourdir le sac.
L’eau reste le poste le plus crucial : il faut prévoir au moins 1,5 à 2 litres par jour et par personne, plus en période de chaleur ou en altitude. Repérez bien les points d’eau potable sur votre itinéraire, et prévoyez si besoin un filtre ou des pastilles pour purifier l’eau de source. Attention à la tentation de moins boire pour « économiser » votre réserve : la déshydratation peut survenir plus vite qu’on ne le pense ! Un conseil d’anciens marcheurs : « Anticipez vos repas, préparez-les à l’avance dès que possible, et ne sous-estimez jamais l’importance d’un vrai petit déjeuner avant d’attaquer la journée.”
Prendre soin de soi et gérer l’imprévu : sécurité et bien-être
Randonner sur plusieurs jours, c’est aussi se confronter à ses limites. Les premiers jours sont souvent les plus durs : ampoules, courbatures, éventuelles irritations… Pour limiter les risques, pensez à entretenir vos pieds (lavages réguliers, coupe ongles, chaussettes de qualité), à marcher en rythme régulier et à bien gérer les pauses.
En cas de blessure légère, la trousse médicale doit contenir des pansements spécifiques pour les ampoules, du désinfectant, un bandage, et les éventuels médicaments personnels. Gardez toujours sur vous vos papiers d’identité, une couverture de survie et, si possible, une balise GPS ou votre téléphone chargé. Prévenez un proche de votre itinéraire, surtout si vous marchez seul.
La météo reste un facteur à surveiller de près. En montagne, les orages peuvent arriver vite, il faut donc savoir adapter ses plans, renoncer si nécessaire, ou se replier vers un abri sûr. Ne négligez pas les premiers signes de fatigue ou d’hypoglycémie : mieux vaut s’arrêter, grignoter et s’hydrater plutôt que de “pousser” coûte que coûte. Avec l’expérience, on apprend à écouter son corps, à respecter ses limites pour profiter pleinement, jour après jour, du plaisir de découvrir la nature en marchant.
Bivouaquer et respecter la nature : l’importance de l’éthique du randonneur
La randonnée itinérante donne accès à des paysages préservés, loin de la foule et du bruit. Mais elle implique aussi un devoir : celui de ne laisser aucune trace de son passage. Le “Leave No Trace”, c’est avant tout une question de respect pour les autres marcheurs et pour l’environnement. Évitez de provoquer des feux en pleine nature, ne laissez jamais vos déchets, et privilégiez les sentiers balisés pour ne pas écraser la flore.
Bivouaquer, c’est aussi choisir le bon emplacement : loin des rivières pour respecter la faune, éloigné des habitations, et sans dégrader le sol. Privilégiez une tente compacte, des piquets à usage minimal, et le strict nécessaire. Les feux sont généralement interdits en dehors des emplacements dédiés ; privilégiez les réchauds à gaz. Enfin, ramenez toujours avec vous les emballages et ordures. C’est le prix à payer pour continuer à jouir d’une nature accueillante. Beaucoup de randonneurs témoignent de leur profonde gratitude envers la nature après quelques jours de marche en autonomie :
“J’ai appris à faire attention, à mesurer l’impact de chaque geste. On réalise vite que tout a un coût, du papier jeté au simple mégot d’allumette.”Préserver l’environnement, c’est aussi préparer le terrain pour les générations futures de marcheurs…
