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Comment un petit village a créé sa propre monnaie pour soutenir l’économie locale

Nathalie

Par Nathalie

Le 27 novembre 2025

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Quand la solidarité locale fait renaître l’économie d’un village

Dans un monde où les petites collectivités font face à des défis économiques croissants, l’innovation locale devient une nécessité vitale. De nombreux villages français, confrontés à la désertification, à la fermeture de commerces et au départ des jeunes, cherchent des solutions originales pour dynamiser leur quotidien. C’est dans ce contexte qu’apparaît une aventure hors du commun : un petit village qui, refusant la fatalité, a décidé de lancer sa propre monnaie locale. Ce projet audacieux, mêlant solidarité, fierté et ingéniosité, a permis de revitaliser l’économie locale et de renforcer les liens entre habitants. Découvrez comment cette initiative a transformé la vie d’une communauté et pourquoi elle suscite l’intérêt bien au-delà de ses frontières.

Les origines d’une initiative collective inattendue

Tout a commencé dans le village de Saint-Martin-sur-Lande, une commune de moins de 1 000 habitants nichée au cœur de la campagne française. Depuis plusieurs années, la petite cité subissait le même sort que nombre de ses voisines : fermeture de l’unique boulangerie, disparition progressive des commerces, développement du chômage chez les jeunes, perte de vitalité. L’espoir semblait s’amenuiser d’année en année. Mais c’était sans compter sur l’esprit d’initiative de quelques habitants désireux de redonner un souffle à leur village.

Lors d’un conseil municipal animé, le maire et un groupe de volontaires ont évoqué l’idée, entendue lors d’un reportage, d’instaurer une monnaie locale. L’exemple de villages pionniers, comme Peyrestortes dans les Pyrénées-Orientales ou le Sol-Violette à Toulouse, a servi d’inspiration. Très vite, le débat s’est orienté sur les avantages de ce type de système : soutenir les petits commerçants, éviter la fuite de la richesse hors du territoire, renforcer le sentiment d’appartenance. Malgré des doutes légitimes, un comité citoyen s’est formé afin d’étudier la faisabilité du projet.

Le contexte législatif français autorisant les monnaies complémentaires, il ne restait qu’à franchir le pas. Après plusieurs réunions et consultations publiques, la décision a été prise collectivement : Saint-Martin-sur-Lande allait émettre sa propre monnaie pour retrouver de la vitalité. Ce choix audacieux marquait le premier jalon d’une aventure humaine et économique hors du commun.

La naissance de la monnaie « La Landaise » : conception et lancement

Pour donner naissance à leur projet, les habitants de Saint-Martin-sur-Lande ont dû faire preuve d’organisation et de créativité. Le nom de la monnaie, « La Landaise », a vite trouvé consensus, reflet du caractère local et du désir d’ancrage sur le territoire. Mais l’aventure n’a pas été sans embûches.

Le comité a fait appel à l’expertise de l’association locale « Économie Autrement », spécialisée dans l’accompagnement à la création de monnaies alternatives. Des ateliers réunissant commerçants, agriculteurs, artisans et simples citoyens, ont permis de définir la forme et la circulation de la monnaie. Le choix s’est porté sur des coupons papier, ornés d’illustrations du patrimoine local, afin de renforcer le lien affectif avec la région. Ce détail, au-delà de l’aspect esthétique, a favorisé l’acceptation de la « Landaise » comme un vrai symbole d’identité.

L’un des défis majeurs fut de convaincre assez de commerçants d’accepter la « Landaise ». Grâce à des rencontres individuelles et des échanges transparents, la majorité des commerces du village – du café à l’épicerie, en passant par la librairie et la ferme bio – se sont engagés à jouer le jeu. Rapidement, un circuit économique propre au village s’est dessiné, rendant possible la circulation des richesses à l’intérieur de la communauté.

« La première fois qu’un client m’a tendu un billet de Landaise, j’ai ressenti une émotion incroyable. Nous faisions vraiment partie d’une aventure collective ! » – Paul, boulanger du village.

En quelques semaines, plus de 10 000 Landaises ont été émises. Le lancement public, lors d’une fête de village, a reçu un accueil enthousiaste : quasiment chaque famille a échangé quelques euros en Landaises. Le projet était désormais sur les rails.

Le fonctionnement concret de la monnaie locale

Instaurer une monnaie locale ne s’improvise pas : il a fallu penser à tous les détails pour assurer sa cohérence et sa viabilité. Au quotidien, la « Landaise » fonctionne sur un principe simple. Les habitants échangent des euros contre des Landaises à un taux de 1 pour 1 auprès de points de change agréés, majoritairement situés dans les commerces participants. Les commerçants peuvent ensuite réutiliser ces billets pour régler des fournisseurs du village, s’approvisionner chez l’agriculteur local, ou encore payer des prestations au sein du tissu associatif.

Le secret réside dans la circulation continue de la monnaie. En interdisant la reconversion des Landaises en euros pour les particuliers (sauf pour les commerçants dans un cadre précis), la communauté s’assure que chaque billet injecté reste dans l’économie du village et profite aux acteurs locaux. Progressivement, une véritable “boucle locale” s’est instaurée, entraînant un effet multiplicateur significatif : un euro entré dans le système pouvait circuler jusqu’à cinq fois avant de sortir du circuit.

Par ailleurs, des incitations ont été instaurées pour accélérer l’adoption : chaque achat payé en Landaises donnait droit à des offres spéciales ou à l’accès à des événements réservés (marché festif, tombola, etc.). Certains commerces ont proposé des menus spéciaux au café pour les porteurs de la nouvelle monnaie, favorisant le bouche-à-oreille et l’implication des habitants.

Très vite, la « Landaise » est devenue un marqueur social : avoir quelques billets dans son portefeuille était un signe d’engagement envers le village et de solidarité entre voisins.

Effets sur l’économie locale : premiers résultats et surprises

Le succès de la « Landaise » ne s’est pas fait attendre. En quelques mois, les premiers effets positifs ont été palpables. Les commerçants témoignent d’une augmentation de la clientèle locale et d’une rotation plus rapide des stocks, notamment pour les produits du terroir. Le chiffre d’affaires des petits commerces aurait ainsi progressé de 15 % lors de la première année d’adoption, selon les estimations du comité de suivi.

L’un des impacts les plus notables a été la réouverture de la boulangerie du village, rendue possible grâce à la fidélisation de clients et à l’implication d’un collectif d’habitants réunissant assez de Landaises pour assurer la trésorerie de départ. Le marché du samedi, autrefois morne, s’anime désormais de longues files d’attente devant les stands acceptant la monnaie du village.

Par ailleurs, les jeunes ont été touchés de façon inattendue. L’école locale a mis en place un projet éducatif autour de l’économie et de l’histoire monétaire, expliquant le fonctionnement de la Landaise dès le CM1. Résultat : un nouvel intérêt pour la vie locale, et des adolescents plus présents lors des événements du village. Enfin, la convivialité s’est vue renforcée, chaque transaction devenant prétexte à une discussion ou à une idée d’amélioration du projet.

« Nous avons retrouvé le plaisir de consommer ici, chez nos voisins, dans une ambiance chaleureuse. La Landaise a vraiment changé notre rapport à l’économie locale. » – Christine, habitante du village.

La réussite, pourtant, n’a pas été exempte de difficultés, comme le montre la suite.

Obstacles rencontrés et solutions innovantes

La route n’a pas été sans embûches. Au fil des mois, le comité a dû faire face à plusieurs défis majeurs. Le premier fut la méfiance de certains habitants, craignant une complexité inutile ou une perte de liquidité. Des réunions publiques et une communication régulière, via la gazette municipale et les réseaux sociaux, ont permis d’apaiser les craintes et de rappeler les bénéfices collectifs.

Ensuite, la gestion des billets et leur sécurité a nécessité d’importants ajustements. Pour éviter la contrefaçon, les billets ont été imprimés sur du papier sécurisé avec filigrane et marquage UV, un investissement jugé crucial par le comité. La question de l’écoulement des Landaises chez les commerçants a été résolue grâce à la création de partenariats avec des producteurs locaux, mutualisant ainsi les besoins en produits et services.

Un autre défi tenait à la participation de nouveaux habitants, notamment de jeunes familles ou d’artisans récemment installés. Un système de parrainage a vu le jour, dans lequel chaque nouvel arrivant se voyait remettre un pack de bienvenue incluant des Landaises, valables dans différents commerces, pour faciliter l’intégration et l’adhésion au modèle.

L’expérience de Saint-Martin-sur-Lande prouve qu’avec de la pédagogie, de la transparence et une bonne dose d’entraide, il est possible de surmonter la plupart des obstacles logistiques et humains. Cette résilience explique en partie la longévité de la monnaie locale.

Un modèle inspirant pour d’autres villages ?

Le bouche-à-oreille a fonctionné à plein : bientôt, des villages voisins sont venus rencontrer le comité. Les témoignages de réussite, publiés dans la presse régionale, ont suscité l’intérêt d’élus, de membres d’associations et même d’urbanistes. Si Saint-Martin-sur-Lande n’a pas breveté la « Landaise », le village a pris soin de partager librement son savoir-faire et ses outils (statuts, modèles de billets, fiches pratiques).

Le succès de cette monnaie locale repose principalement sur l’implication réelle de la population, la diversité des commerces partenaires et la simplicité d’utilisation. Précisons que, contrairement à certaines monnaies complémentaires nées en ville, le système fonctionne sans outil numérique dédié, évitant ainsi la fracture digitale souvent observée en milieu rural et rendant la monnaie accessible à toutes les générations.

On peut aujourd’hui recenser près de 150 villages et petites villes en France qui, depuis cinq ans, se sont inspirés du modèle de Saint-Martin-sur-Lande pour créer leur propre devise locale. Chacun y a ajouté sa touche personnelle : certains ont associé la monnaie à des projets écologiques, d’autres à la promotion de l’artisanat local. Partout, le sentiment d’appartenance s’est trouvé renforcé, la vitalité économique décuplée et le tissu social consolidé.

L’aventure de la « Landaise » prouve qu’avec de la volonté, de l’organisation et une pincée d’audace, il est possible pour un village de transformer une crise en opportunité. Cette expérience a restauré non seulement l’économie locale, mais aussi la confiance collective et la solidarité. Face aux défis actuels, d’autres villages peuvent puiser dans cet exemple et, pourquoi pas, initier à leur tour une nouvelle ère de dynamisme par la mise en place de leur monnaie. Et vous, que pensez-vous de cette initiative ? Seriez-vous prêt à soutenir un tel projet dans votre propre communauté ? Partagez vos idées et devenez acteur du changement local !

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